IntriguéEs, émuEs par Jeanne Cherhal
Nombreux sont les élèves et les professeurs qui ont ressenti une émotion intense lorsque la chorale a offert à Jeanne Cherhal une interprétation de sa chanson Cinq ou six années et qu'elle l'a rejointe sur scène. Ce moment fort de partage est venu rappeler combien la scène et la pratique importent dans l'art musical.
Cette émotion a été un prélude aux échanges intenses qui ont suivi. Quelques éclats pour vous :
Avoir un point de vue sur son écriture :
« Ce qui m’a étonnée, c’était son rapport à la langue française, aux mots. Pour elle il ne s’agissait pas seulement d’un moyen de communiquer […] Cela m’a énormément impressionnée d’avoir une « âme littéraire » de cette façon, j’ai eu envie en partant de chercher plus loin sur des choses du quotidien, j’ai essayé de me montrer plus curieuse. »
Etre captivéEs :
« Dès que j’ouvris le livre, un tas de mots déferlèrent devant mes yeux. A ma grande surprise, je pouvais le comprendre facilement et alors m’en imprégner. J’étais émerveillée par la force que Jeanne avait réussi à transmettre au mot « non », seulement trois lettres mais on sentait la force et la détermination de ce simple mot. »
« J’ai énormément apprécié le texte « Non » car pour ma part Jeanne Cherhal a transformé ce mot ferme en un mot de libération féministe. »
La joie de vivre et la passion au service de l’engagement :
Jeanne Cherhal fait « passer un bon message : je suis libre, j’écris comme je le souhaite. »
« Aujourd’hui, la priorité : [...] que chaque femme trouve la sorcière qui réside en elle afin qu’elle use de ses pouvoirs intérieurs afin de se libérer des flammes du bûcher allumé par l’homme et fasse reconnaître sa valeur et ses droits. »
« Ce qui m’a plu c’est l’utilisation de la métaphore de la pyramide : elle représente la hiérarchie dans la société qui nous classe et nous place à des niveaux différents et s’oppose à la métaphore du cercle qui nous situe au même niveau, comme un équilibre, un égal, qui ne peut s’effondrer, contrairement à une pyramide. Piquante et désagréable la pyramide s’oppose au cercle lisse et parfait. »
Renouveler son rapport aux mots :
« Son imagination est débordante ; elle réussit à nous faire voir les mots de manière inhabituelle tout en ayant à la fois un esprit comique très plaisant. »
« Des mots banals voire repoussants sont devenus spéciaux, remplis de sens, profonds. Sa démarche est intéressante, elle décompose le mot comme pour en donner l’étymologie. Cependant, à la place, elle associe les syllabes à des sons, une image, une sensation, une action. Elle connecte un mot à l’apparence isolée à tout ce qui l’entoure. Elle en arrive même à les relier à des moments de sa propre vie. Ces mots prononcés de façon anodine deviennent chargés de sens grâce à son travail d’analyse. Ce n’est plus un simple mot, c’est un bout de sa vie, un ensemble qui l’entoure, un monde à part entière. »
A noter : cette rencontre a pu avoir lieu grâce à la proposition du théâtre d'Irigny, le Sémaphore. Le concert que Jeanne Cherhal devait donner en janvier dernier à Irigny nous a permis de bénéficier de la mise en relation par le théâtre. Nous avons eu le bonheur qu'elle répondefavorablement à cette invitation ! Que le Sémaphore soit remercié pour son aide précieuse !